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Notre projet de recherche – financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) et le Fonds recherche Québec société et culture (FRQSC)– vise à saisir les effets de la crise de la COVID-19 sur les parcours éducatifs dans l’enseignement postsecondaire au Québec en tenant compte (1) des ajustements locaux aux politiques, aux règles ; (2) des dispositifs éducatifs en vigueur dans les divers établissements scolaires (centres d’éducation des adultes, cégeps et universités) ; (3) ainsi que des effets potentiellement différenciés sur les divers publics étudiants. Nous envisageons la présente pandémie comme la cause d’une crise éducative majeure.

            Les nombreuses appréhensions sur la vie éducative exprimées dans le discours public mettent en évidence différents facteurs qui fragilisent les conditions d’apprentissage et introduisent des inquiétudes en matière de poursuite des études. Elles portent sur les dimensions suivantes :

  1. La « fermeture » des établissements d’enseignement peut conduire à un possible retard dans les apprentissages et à un certain découragement, surtout si le rapport à l’école des élèves et des étudiant.e.s est déjà fragile. On craint que la conjoncture incite les étudiant.e.s à remettre en question leurs projets éducatifs, les pousse vers le décrochage et réduise la persévérance. L’inquiétude quant à la réussite de la session scolaire en cours (automne 2020), mais surtout face à l’avenir, se manifeste de manière tangible.
  2. La conversion de l’enseignement présentiel en enseignement à distance dans des conditions sociales et techniques particulières (précipitation et concurrence pour l’accès aux ressources numériques domestiques) a pu remettre en question la poursuite des études. Plusieurs intervenants soulignent l’accentuation des inégalités sociales et la fracture numérique qui se traduisent par les difficultés à persévérer des étudiant.e.s dont les revenus sont faibles ou de ceux qui habitent dans des régions où les services Internet sont insuffisants pour les cours à distance.
  3. Le déconfinement scolaire fait aussi l’objet d’inquiétudes de la part des principaux acteurs éducatifs : enseignant.e.s, direction, professionnel.le.s non enseignant et étudiant.e.s. Ces inquiétudes portent sur les conditions sanitaires du déconfinement et du retour en classe. Des craintes ont aussi été émises concernant les conditions du rattrapage pédagogique et les effets à moyen et long terme de la crise sur la persévérance et le décrochage.

Il est important de réaliser un suivi des parcours éducatifs sur quelques années afin de saisir les impacts effectifs de la crise sur la population étudiante. Comme toutes les crises majeures (guerre, profonde crise économique, catastrophe naturelle ou écologique, périodes longues de contestation, etc.), la crise en cours constitue un événement perturbateur bouleversant profondément le cours des choses, tout en étant un processus révélateur des forces et des faiblesses présentes dans différentes sphères de l’action publique.

            Le projet comporte deux grands volets, l’un quantitatif et l’autre qualitatif. Le volet quantitatif repose sur l’usage des données administratives individuelles que le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur recueille sur les élèves et les étudiant.e.s et, mutatis mutandis, sur l’approche utilisée pour estimer la surmortalité causée par la pandémie. On suivra pendant quatre ans les personnes qui étaient inscrites à l’enseignement secondaire ou postsecondaire à l’automne 2019 de manière à les comparer aux personnes inscrites à l’automne 2013, 2014 et 2015 dont nous étudierons également les parcours pendant quatre ans.

Le volet qualitatif vise à mieux comprendre les parcours éducatifs en recueillant des récits de vie éducative. Il s’agit de saisir comment la pandémie et sa gestion (nationale et locale) a mis à l’épreuve les engagements et les convictions éducatives des étudiant.e.s et les auraient pu les conduire à de plus nombreuses bifurcations de parcours (décrochage, temporaire ou permanent, des études, par des changements de programme, etc.).


Pour en savoir plus sur les effets de la pandémie sur l’enseignement supérieur :

Dussault, Edmond-Louis, et Pierre Doray (2021). Une catastrophe « au ralenti » : la pandémie de COVID-19 et l’enseignement supérieur au Québec et ailleurs. Québec, Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec, 30 p. < URL >. Voir aussi (2022) < URL >.


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